Yves Gaudin a lu « Si vite que courent les crocodiles »
par Rédaction | Oct 1, 2021 | Presse
Même si on a tous laissé derrière soi, dans un passé peut-être plus loin encore que l’inconscient, un père Noël et des espoirs déçus. Même si on a tous dû apprendre à marcher, un pied devant l’autre, avec des plats et des déliés, dans le silence de l’oubli. Même si on a tous emprunté, un hareng dans le dos, les couloirs sombres de l’injustice et les labyrinthes infinis d’un ennui abbysal. Toutes les épreuves ne se valent pas.
Celle dont il s’agit ici est cruelle. Mais la métamorphose, d’une fille morte à une vie forte, bouleverse et rassure.
D’un style épuré. Qui mêle, tour à tour, narration, souvenir et injonction. Avec cette rigueur en forme de trouvaille et qu’elle maîtrise dorénavant à la perfection, Béatrice Riand fait de ce petit livre une grande révélation. Dans la collection « Uppercut« , de la très jolie maison d’éditions BSN Press, c’est en effet un coup de poing que l’on reçoit, qui touche, et qui nous fait voir des étoiles.
Ce qui ravit encore ici, c’est de réaliser combien ces crocodiles ne sont pas ceux d’un écrivain exhibitionniste qui aurait pris le lecteur dans les phares d’un vécu trop personnel, mais qui permettent justement un repositionnement constant.
D’ailleurs, comment mieux définir la littérature que de voir le lecteur transpirer, esquiver, anticiper, tomber à l’occasion, pour à chaque fois se relever tant par envie d’aller de l’avant que par le désir, et l’étonnement parfois, de lire entre les lignes pour réaliser toute l’étendue d’une profondeur insoupçonnée jusque-là ?