Attention, danger pour les non-initiés … l’annuaire offre une pléthore de noms de thérapeutes (ou non) en tous genres, aux spécialisations diverses, parfois obscures, souvent déroutantes : le citoyen lambda s’y égare, le simple pékin en perd son latin.
Un exemple : récemment, le NF présentait le Professeur Philip Jaffé comme un psychiatre, puis comme un psychologue, et enfin comme un psychothérapeute, tout cela dans le même article. Or si Philip Jaffé est bien docteur en psychologie, et spécialiste en psychothérapie FSP, il n’est pas psychiatre.
Le Département de la Santé reconnaît les psychiatres, spécialistes en psychothérapie FMH (médecins ayant suivi, en sus de leur formation initiale, un long cursus en psychothérapie, et habilités à prescrire des médicaments) et les psychologues, spécialistes en psychothérapie FSP (personnes titulaires d’un master en psychologie comme formation initiale, assortie d’une formation complète en psychothérapie), comme des professionnels de la santé.
Le psychologue FSP, quant à lui, est simplement titulaire d’un master en psychologie.
Il n’est pas reconnu comme un professionnel de la santé.
Il lui est interdit de poser un diagnostic, et de proposer des psychothérapies.
Mais si vous ouvrez votre annuaires, sous lettre « P », pour psychologie, la confusion s’avère totale.
En effet, les psychologues, aussitôt leurs livres refermés, ouvrent des cabinets et offrent leurs services à des patients qui pensent obtenir une qualité de soin équivalente à celle des médecins ou des psychothérapeutes. Ils mettent en avant leur spécialisation en thérapie familiale, et voilà .. Madame Tout-le-Monde croit en toute bonne foi qu’ils sont spécialistes en psychothérapie.
Leurs prestations sont facturées à des tarifs moins élevés que celles de véritables spécialistes et voilà … Madame Tout-le-Monde, c’est légitime, pense à son budget. Elle devient une cliente, et sans le savoir abandonne son statut de patiente. Elle plébiscite le moins cher, mais ignore que le meilleur marché est toujours trop cher. Peut parfois se payer très cher.
On vous trompe sur la marchandise, car l’appellation n’est pas protégée.
On vous plonge dans une vraie mélasse, car un thérapeute n’est pas forcément un psy, un psychologue FSP n’est pas toujours spécialisé en psychothérapie FSP.
On vous saoule avec des abréviations obscures, qui correspondent à des modules de formation, et non à des titres reconnus.
Ainsi, une psychologue systémicienne MRI, sophrologue ASSCA, master spécialiste en psychologie clinique et thérapie familiale n’est pas reconnue comme une professionnelle de la santé car elle n’est pas spécialisée en psychothérapie.
On vous propose des « Centre de gestion psycho-physiologique du stress » dont le praticien ne précise pas sa formation, des « Cabinet de psychologie », à la tête duquel on ignore non seulement la formation mais également le nom de la personne qui vous reçoit, des « Centre romand de psychologie de la Circulation, Unité de diagnostic », et toujours pas de nom, pas de formation spécifiée, des « Centre de compétences et de relations humaines », toujours sans indications sur la formation de la personne qui vous accueille, des « Centre Psycho-santé », tenu par une psychologue FSP/ASPCo (qui n’est donc pas une professionnelle de la santé), etc …
On vous trompe parfois sciemment : un psychologue précise clairement qu’il est psychothérapeute, alors qu’il ne l’est pas. Alors qu’il a reçu un courrier lui enjoignant de modifier cette indication. Injonction non respectée. Et donc information erronée dans le bottin. Qu’importe le patient …
Parfois, certains psychologues exercent dans d’autres domaines : logopédie, hypnopraxie, sophrologie ou microkinésithérapie. Une psychologue, en veine d’exotisme, après avoir précisé qu’elle était diplômée en français et en allemand (nous voilà rassurés), propose du « shamanisme ».
Sans médire sur la palette de services proposés, sans remettre en question la compétence des personnes qui exercent dans ces domaines variés, il va sans dire que l’on s’éloigne un peu, beaucoup, passionnément de la psychothérapie. Et qu’en mélangeant ainsi tous ces ingrédients, l’on accroît la confusion des genres.
Mais que nous propose encore Messire Bottin … ici, un psychologue-analyste.
Nouvelle confusion.
Un psychanalyste n’est pas un psychologue-analyste.
Du moins en apparence.
Un psychanalyste a une formation initiale en psychiatrie pour un médecin, ou en psychothérapie pour un psychologue. Ensuite il entame une longue, très longue, vraiment très longue formation en psychanalyse, formation dont les critères sont définis notamment par la Société Européenne de la psychanalyse, formation qui le contraindra, avant d’explorer la psyché humaine dans sa version inconsciente, d’entamer lui-même une longue analyse.
Mais voilà … la position des freudiens ou des post-freudiens diverge. Sans parler des freudiens orthodoxes, soit les lacaniens qui exigent eux aussi une très longue formation, mais à l’intérieur de leur école. Et les jungiens : et bien les jungiens ont leur propre institut, à Zürich.
Peut-être que ce psychologue-analyste est en fait un psychanalyste jungien.
Mais comment le savoir, on s’y perd, on s’y noie, on s’y désespère … et l’analyse profane de Freud n’a pas encore été abordée, c’est vous dire.
Bref …. L’on sait que la psychanalyse exige une très longue formation, dispensée par divers instituts selon l’orientation choisie, et qu’elle conduit à l’obtention d’un titre de psychanalyste.
Pour éviter tout malentendu dans l’esprit de Monsieur Tout-le-Monde, il conviendrait que toutes les orientations de la psychanalyse s’accordent sur un seul et même titre.
Pour éviter tout dérapage, dans l’esprit de Monsieur Tout-le-Monde, il conviendrait que les psychologues FSP ne mentionnent que ce seul titre, et que le titre de psychothérapeute soit clairement et uniquement réservé aux psychologues spécialisés en psychothérapie FSP, qui seuls seraient habilités à indiquer leur spécialisation dans tel ou tel domaine.
Voilà pour la confusion entre psychologues FSP, psychologues spécialisés en psychothérapie FSP et psychanalystes.
Qu’en est-il à présent de tous les coachs et thérapeutes en tous genres ?
La psychologie, après un long désert affectif, est très à la mode depuis une dizaine d’années. On l’aime, on la déteste, mais on en parle. Tout le monde en parle.
Le Fémina publiait une page psycho. Il y a Rose Poletti dans le Matin Dimanche, et autrefois Madame Ruth. Tout le monde lit, tout le monde apprend.
Nombre d’ouvrages vulgarisent la matière, et, parfois sans le vouloir, contribuent ainsi à galvauder son image. Tout le monde sait.
On psychologise à tout va, à tout vent, on est tous psy, et grâce à la banalisation ambiante, et à la confusion des genres, savamment entretenue par ceux à qui elle sert, on voit apparaître, croître et se développer de nombreux conseillers : conseiller conjugal, thérapeute de couple, thérapeute familial, sexologue, etc.., à la formation parfois bien obscure, aux titres une nouvelle fois non protégés.
Il faut le savoir : un thérapeute n’est pas un spécialiste en psychothérapie. L’appellation de thérapeute n’est pas protégée. Suivre deux modules de trois jours en thérapie familiale ne fera pas d’un psychologue ou d’un simple quidam un psychothérapeute.
Au secours … les psychologues spécialisés en psychothérapie et les psychiatres tirent la sonnette d’alarme : la psyché humaine mérite plus de respect. Elle mérite d’être protégée.
Attention … ce méli-mélo malsain décrédibilise les spécialistes auprès des médecins, des tribunaux, de la presse, du public. De plus, jouer à l’apprenti-sorcier sans formation spécialisée, sans être supervisé par un psychothérapeute reconnu, sans suivre une formation continue assidue, peut parfois avoir des conséquences dramatiques sur le patient.
Il faut clarifier la situation.
La formation reçue, les titres affichés, le type de soins dispensés.
On n’autorise pas le titulaire d’un simple master en médecine à ouvrir son cabinet. Il va auparavant longuement se former en interne, dans différents services d’un hôpital, sous la houlette de praticiens chevronnés.
Pour quelle raison autorise-t-on alors un titulaire d’un master de psychologie à ouvrir un cabinet et officier comme thérapeute alors qu’il n’a suivi aucune formation spécialisée ? alors qu’il n’y a aucun contrôle sur la formation continue ou les supervisions ? alors que parfois le patient est trompé sur la marchandise parce qu’on lui balance de la poudre aux yeux ?
En 2013, une nouvelle loi verra le jour, « Lpsy » qui agira sur les coachs et thérapeutes en tous genres. Subsistera néanmoins le problème de la distinction entre psychologues et psychologues spécialisés en psychothérapie, qui appartiennent tous à la même fédération, la FSP.
Les psychologues ont une place et répondent certainement à un besoin de la société actuelle. Certains se spécialisent en tests de QI, travaillent et soutiennent les enfants à haut potentiel, orientent les étudiants, etc…
Les psychologues ont une place, ils doivent la garder, et s’y tenir, sans empiéter sur celle des psychothérapeutes, car cela se fera toujours au détriment des patients.
Peut-être est-il temps de créer une Fédération valaisanne des psychothérapeutes …