Si L’1Dex fête ses dix ans cette année, la carrière de Miquel de Palol, quant à elle court sur presqu’un demi-siècle.

Alors, comment présenter un écrivain si prolifique et si protéiforme sans dénaturer une œuvre qui se construit dans une exigence implacable comme dans la plus joyeuse des transgressions ?

On pourrait vous parler de la reconnaissance internationale qui est la sienne, depuis la publication du Jardin des sept crépuscules, puisque ses ouvrages sont traduits en espagnol mais aussi en italien, en allemand et en néerlandais. On pourrait s’attarder sur les nombreux prix littéraires qu’il a reçus, en Espagne mais aussi dernièrement, en France, après la parution chez Zulma d’un roman écrit en catalan en 2009 et traduit dans notre langue seulement en 2019, Le Testament d’Alceste. On pourrait vous encourager vivement à vous y intéresser, tant l’imagination foisonne dans ce texte qui vise à nous confronter à des démons qui se veulent éternels, notre peur souterraine de la mort comme notre envie de la défier par le verbe. On pourrait vous confier le plaisir de lire, car Miquel de Palol a le sens de la formule et une ironie mordante qu’accompagne un regard lucide et souvent cynique sur le monde qui l’entoure. Oui, on pourrait vous entraîner dans un tourbillon sans fin si seulement il était possible en quelques lignes de dresser le portrait d’un écrivain qui ne vit que pour et par la littérature.

Peut-être faut-il alors seulement souligner quelques aspects plus secrets de cet homme, architecte de formation. Miquel de Palol bâtit ses romans comme une cathédrale, dont la nef soutient la trame du récit, et les chapelles adjacentes cachent les intrigues connexes. On entre dans ses livres comme dans une église, oui, les personnages y déversent le cours de leur existence comme d’autres égrènent leur chapelet. Mais avec une dévotion toute païenne, ne vous y trompez pas. Et puis, il faut savoir que Miquel de Palol, qui vit entouré d’une multitude de livres, adore la mer. Il n’y fait pas trempette comme tout un chacun, non, il s’en va tous les jours, été comme hiver, effleurer la ligne d’horizon, accompagné par les sons baroques de Bach en contrepoint des cris discordants des mouettes rieuses. Si loin d’ailleurs que les sauveteurs s’en inquiètent, mais il leur montre alors une dérogation dans un grand éclat de rire.

Miquel de Palol ignore les frontières : il va là où cela lui chante, aux confins du ciel et de la terre, et personne, non, personne ne dressera jamais d’obstacles sur le chemin qu’il s’est choisi. Il se construit dans l’audace.

C’est donc un être libre qui rejoint L’1Dex, un grand monsieur de la littérature, qui chaque semaine vous fera part de son regard sur le monde. C’est une chance pour nous, croyez-moi, un pari sur les étincelles à venir.